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Eric a découvert ODELINE au petit matin, se tenant à côté de sa "maman" qui la surveillait comme le lait sur le feu. Lorsque je suis venue la voir, j'ai vu que la présumée maman qui se tenait à côté d'elle était DELITE... DELITE dont j'avais regardé les mamelles la veille (mamelles complètement plates) afin de simplement contrôler son état, comme je le fais régulièrement sur mes autres ânesses. Sa mise bas n'étant prévue que dans plusieurs mois si elle avait bien retenue le mâle lors de la précédente saillie constatée. Je reste néanmoins un peu interloquée par cette situation qui s'est rapidement éclaircie car en contrôlant JAURELA, j'ai bien vu que c'était elle qui avait mis bas dans les heures précédentes. Sauf qu'elle faisait sa vie dans le pré, sans se soucier de la petite ânone, ni de quoi que ce soit en particulier. Elle se comportait comme si de rien n'était. Ainsi, j'ai vite compris que DELITE avait volé ODELINE à sa maman primipare... encore une fois ! Car elle avait déjà fait la même chose avec le papa d'ODELINE il y a des années de cela, dans les mêmes circonstances (elle avait pris l'ânon à sa maman MOONSHINE qui était aussi une primipare). Par chance à l'époque, l'on avait réussi à faire réadopter l'ânon à sa maman.
Donc, on a fait comme à l'époque, en isolant ODELINE et sa maman biologique afin qu'elles ne soient pas perturbé par DELITE et les autres ânes.
La première chose que nous avons fait a été de faire téter le si important colostrum à ODELINE, en espérant que cela ne soit pas trop tard (car les intestins de l'ânon s'imperméabilisent dans les 12 premières heures de vie et il faut donc faire boire le colostrum avant cela pour que les anti-corps de ce premier lait puissent traverser la paroi intestinale de l'ânon pour former son immunité). N'ayant pas vu la mise bas, nous espérions que JAURELA n'ait pas donné naissance à ODELINE en début de nuit. Cependant, passer cette étape du colostrum a été particulièrement difficile. ODELINE refusait obstinément de téter sa maman car elle ressentait son rejet, et au moindre fouaillement de queue réprobateur, ODELINE s'éloignait. Nous avons tenté de traire JAURELA qui retenait obstinément son lait, Eric a réussi à tirer que quelques millilitres malgré tous ses efforts. Nous lui avons donné ce peu de colostrum et complété avec du lait "normal" pour que la quantité soit au RDV. De plus, cette naissance a eu lieu un Dimanche... pour nous faciliter les choses en terme d'accès à un service vétérinaire ! Et là encore, donner le biberon fut bien compliqué car nous n'avions pas de lait maternisé et avons donc utilisé le lait en poudre que nous donnons à nos chevreaux, auquel nous avons rajouté un peu de miel pour se rapprocher de la composition plus sucré du lait d'ânesse. De plus, ODELINE sentait très bien que cette tétine en caoutchouc n'était pas naturelle et nous avons dû la forcer à boire... ce qui n'est pas une situation facile et idéale car forcer l'ingestion d'un liquide à un âne comporte de gros risques que le liquide passe dans le conduit des poumons.
Pour les tétées suivantes qu'il nous fallait donner toutes les 3 heures, jours et nuits, nous avons pu faire téter un peu ODELINE à sa maman, et la compléter au biberon. JAURELA n'était pas très véhémente envers sa fille me laissant l'espoir d'une réadoption possible (JAURELA étant beaucoup plus douce avec sa fille que ce fut le cas de MOONSHINE il y a quelques années de cela avec son ânon). Mais JAURELA a rapidement perdu son lait, très certainement car elle le retenait pour ne pas le donner à sa fille rejetée, donc son organisme a arrêté d'en produire... Ainsi, même si nous avons continué à tenter de créer le lien maternel, ce fut le biberon qui devint la mode d'alimentation quasi exclusif d'ODELINE. Dès qu'elle nous entendait approcher, l'on avait droit à un adorable petit braiement de joie. ODELINE était adorable avec nous, elle nous faisait craquer. Mais JAURELA n'a pas évolué d'un pouce envers sa fille, elle ne la voulait pas. Et un soir, au bout de presque une semaine, ODELINE a refusé le biberon et elle avait froid... ce qui n'était pas normal car elle était en box. Nous l'avons de suite ramené dans notre chambre pour la mettre contre le chauffage et afin de suivre son état à la lumière. La réchauffer a été plus que difficile, cela a nécessité des heures, montrant un affaiblissement anormal de son organisme. A 3 heures du matin, elle a développé une diarrhée... mauvais signe chez un ânon car l'intestin perd alors rapidement son effet de protection et les bactéries passent vite dans le sang des ânons provoquant une septicémie. Nous avons attendu sans dormir et en voyant chaque minute passer comme une éternité jusqu'à l'heure d'ouverture de notre clinique vétérinaire afin d'y amener ODELINE. Elle a été pris en charge dans la matinée, mise sous antibiotique, elle a été sondé afin de l'obliger à boire son lait sans qu'il ne puisse aller dans les poumons. Mais malgré cela, elle est décédée à la clinique le lendemain de septicémie...
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