Histoire et origines de l'âne miniature
"Les ânes miniatures possèdent la nature tendre d'un Terre-Neuve, la résignation d'une vache, l'endurance d'une mule, le courage d'un tigre et la capacité intellectuelle seulement légèrement inférieure à celle de l'Homme."
Telle pourrait être la définition d'un âne miniature ! Citation de Rober Green, premier américain importateur d'ânes miniatures en 1929.
Les origines de l'âne miniature :
Loin d'être une race récente ou entièrement créée par la main de l'Homme, l'âne miniature aurait des origines bien lointaines puisqu'elles remonteraient à des milliers d'années avant Jésus Christ !
Originaire du bassin méditerranéen et plus particulièrement de l'île de la Sardaigne, les ânes miniatures seraient issus d'une souche d'ânes sauvages de Somalie et de Nubie de petites tailles, introduits sur l'île par la migration du peuple nuragique, premiers habitants de Sardaigne arrivés entre 2000 et 1500 avant J.C. N'ayant pas d'autres races d'ânes en Sardaigne, il n'y a pu avoir de croisements qui auraient modifié leur taille. Une autre hypothèse ferait même remonter les origines de l'âne miniature de Sardaigne jusqu'au néolithique.
Elevés à des fins agricoles, les ânes de Sardaigne pompaient l'eau pour l'agriculture à petite échelle et transportaient eau et victuailles dans les villes et villages. La petite taille de ânes en Sardaigne a pu être confirmé par des fouilles sur des squelettes datant de l'époque de l'invasion romaine en 238 avant JC, puis de l'époque médiévale montrant des squelettes entre 80 cm et 1 mètre au garrot, la majorité faisant moins de 90 cm. Francesco Cetti, prêtre jésuite au 18eme siècle disait :
" En outre, ce qui rend cet âne plus particulier est sa nature calme et son « extrême petitesse »." ".... Cette petitesse n'enlève en rien à son mérite et n'arrête pas (ou n'empêche pas) son service envers son maître. Au contraire, sa valeur se développe en raison de sa petite stature qui a été ignoré dans son pays d'origine, mais il a été recherché comme une grande merveille et a pris d'autres mers pour être montré dans les champs avec bride et selle ... "
Les Romains envahisseurs ont d'ailleurs dû adapter leur voiture (charrette) à la petite taille des ânes, preuve supplémentaire que ces derniers étaient plus petits que les ânes sur le continent et îles voisines. Ils utilisaient alors ce petit âne pour le transport du bois, du charbon et des céréales et autres produits alimentaires agricoles.
Les ânes de Sardaigne ont également beaucoup été utilisés pour faire tourner la roue du moulin que chaque famille possédait dans sa maison, c'est pourquoi l'on a désigné les ânes au 14eme siècle « Molentis Domados ».Voici un extrait du livre de Douglas Goldring : « Sardinia: the island of the Nuraghi » publié en 1930 :
" les cours de ces maisons ont été... chacune divisée en deux moitiés distinctes, l'une d'elles consacrée aux écuries pour les bœufs, le moulin à farine (où les petits ânes aux yeux bandés tournent en rond toute la journée pour broyer le maïs)... Je n'ai jamais été lassé de regarder les petits ânes sardes brun trotter le long de la rue en pente vers Castello, bâtés avec des charges énormes. L'âne sarde est sûrement l'animal le plus adorable de son espèce. Certains sont si petits que l'on pourrait presque les soulever et les transporter sous le bras. "
Malgré une vie peu enviable par le travail qu'ils effectuaient, les ânes miniatures de Sardaigne avaient une place importante dans la société et on leur témoignait beaucoup de respect au travers notamment de la préservation de leur bien-être et des soins qui leur étaient prodigués étant donné qu'ils jouaient un rôle important dans la société. On a pu confirmer lors des fouilles archéologiques qu'à l'instar des chevaux et des chiens, les ânes de Sardaigne n'entraient pas dans l'alimentation humaine.
L'âne miniature de nos jours :
> Essor en Amérique :
Les ânes miniatures de Sardaigne ont été exportés sur le pourtour méditerranéen puis notamment vers les Etats-Unis à partir de 1929 où un riche américain du nom de Robert Green, tombé amoureux de cette race, a importé depuis la Sicile les 7 premiers reproducteurs (6 ânesses et 1 baudet) sur sa ferme du New Jersey. Malgré la perte de 3 de ses ânesses quelques mois après leur arrivée suite à une attaque de chiens, il a pu faire naître le premier ânon miniature sur le sol américain (voir photo ci-contre) et démarrer le premier élevage outre-Atlantique d'ânes miniatures. Les trois ânesses qui ont survécu à l'attaque (Suzanne, Palermo, et Miranda) ainsi que le baudet (Impheus) sont devenus les parents fondateurs du troupeau de Robert Green qui comptait plus de cinquante ânes en 1935. D'autres riches américains ont suivi l'exemple de Robert Green et ont importé d'autres ânes miniatures pour leur plaisir et la compagnie et non pour en faire l'élevage dans un but lucratif.
En 1958 a été créé le premier livre des origines américain ou stud-book : le MDR (Miniature Donkey Registry). Ce fut une initiative de la famille Landfeld qui a découvert l'âne miniature suite à sa recherche d'un animal de compagnie adapté à sa jeune fille handicapée cérébral moteur. Leur passion pour ce petit âne les a mené à développer un troupeau de plus de 70 ânes reproducteurs ! Ainsi, petit à petit, l'âne miniature que les américains qualifient de « méditerranéen » a conquis le cœur des américains. La race a connu un essor considérable dans les années 1990/2000, période où a été instauré les premiers concours, ce qui a permit une amélioration considérable de la sélection et de la qualité des ânes miniatures.
> Les ânes miniatures originels :
A ce jour, les ânes miniatures de Sardaigne tels qu'on les décrivait, ont quasiment disparu, suite à l'avênement des machines agricoles, l'expansion de notre civilisation ainsi que de part l'intérêt porté à la viande d'âne. De plus, les ânes de Sardaigne ont subit bien souvent des croisements avec des races plus grandes. L'on retrouve régulièrement trace de petits ânes rustiques et « travailleurs » sur le pourtour méditerranéen. Un exemple pourrait être celui de l'écrivain Robert Louis Stevenson qui a donné son nom à un parcours de randonnée dans les Cévennes suite à son périple raconté dans un de ses livres « Voyages avec un âne dans les Cévennes », auprès de l'ânesse Modestine : "… une ânesse en miniature, guère plus grosse qu'un chien, d'un gris souris... ".
> Expansion de part le monde :
Les ânes miniatures que l'on retrouve à l'heure actuelle par ailleurs dans le monde, y compris en France, sont essentiellement issus des lignées américaines. D'ailleurs, les ânes miniatures sont souvent appelés en France « ânes miniatures américains » pour faire référence à leur sélection alors que par ailleurs, ils sont généralement appelés « ânes miniatures méditerranéens » en référence à leurs origines. On en retrouve maintenant un peu partout en Europe, au Canada, en Australie et Nouvelle Zélande...
> En Europe :
L'âne miniature méditerranéen a également connu son développement en Europe mais en moindre mesure, avec notamment la création du stud-book anglais : le NMDA (National Miniature Donkey Association) qui, à l'inverse de son homologue américain, a instauré des tailles minimales à ne pas dépasser (les ânesses ne doivent pas mesurer moins de 76 cm et les mâles pas moins de 73 cm), dans le but de conserver le gabarit originel de la race ainsi que pour éviter la course toujours plus forte vers des records de tailles risquant de mettre en péril la rusticité et la santé des ânes miniatures.
La France fait malheureusement figure de petite dernier de la classe face aux anglo-saxons puisque la race n'a toujours pas été reconnue. Ainsi, la plupart des éleveurs français se réfèrent et adhèrent aux stud-book anglo-saxons pour permettre le suivie de leur reproducteurs et de leurs ânons.